#Yoann Conte

Yoann Conte – élu « Cuisinier de l’Année 2024 » par le Gault & Millau

En décrochant le très convoité titre de Cuisinier de l’Année, Yoann Conte, Chef de la Maison Bleue à Veyrier-du-Lac confirme sa place parmi les grands noms de la gastronomie française.

Une récompense décernée par le célèbre Guide jaune Gault & Millau lors de sa traditionnelle cérémonie annuelle, qui s’est tenue le 6 novembre au pavillon d’Armenonville à Paris devant une assemblée de plus de 500 invités.

L’occasion pour nous de recueillir ses impressions…

Quelle a été votre réaction en apprenant que vous aviez remporté cette récompense prestigieuse, et quel impact cela a-t-il eu sur vous et votre équipe ?

J’avoue avoir pleuré. On dit que lors d’un choc intense, on voit sa vie défiler. Je pense avoir vécu quelque chose de similaire, bien que dans ce cas, il s’agisse plutôt d’une cascade d’émotions intenses qui ont déferlé en un instant, d’autant que je ne m’y attendais absolument pas. Il faut dire que je me considérais plutôt comme l’outsider de l’étape, au vu des très grands noms pressentis pour le titre : Olivier Bellin, de l’Auberge des Glazicks à Plomodiern, Olivier Couvin, du restaurant Paul Bocuse à Collonges-au-Mont-d’Or, et Jérôme Banctel, du restaurant Le Gabriel à Paris.

J’ai été pris dans un tourbillon d’émotions et de sensations et soudain, c’est une multitude de souvenirs qui sont remontés, comme si chaque évènement marquant de ma vie refaisait surface : les moments de bonheur et de réussite, mais aussi les échecs et les obstacles surmontés. Après 2 étoiles Michelin et la note de 19/20 attribuée en 2021 par le Gault & Millau, c’est un rêve de gosse qui se réalise ; celui de voir mon nom rejoindre la liste des tous ces cuisiniers illustres auxquels je voue une admiration sans bornes. Autant une note, si excellente soit-elle, est éphémère, mais le titre de Cuisinier de l’Année, c’est une distinction qui vous suit à vie.

Il est essentiel pour moi de préciser que ce titre ne revient pas qu’au cuisinier que je suis, mais à toute une équipe, les 80 personnes qui s’investissent au quotidien à mes côtés au service des clients pour les rendre heureux. Seul, on n’est rien, cela s’adresse aussi à ma femme, un maillon essentiel qui m’épaule au quotidien pour me laisser vagabonder à mes recherches créatives et sans qui rien n’aurait été possible.

Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Un sentiment d’accomplissement mêlé à de la fierté.

Je repense à toutes ces années de labeur et aux échelons que j’ai gravis un à un, contre vents et marées. Tomber pour mieux se relever est une philosophie que j’applique en tout, car je ne supporte pas l’échec. Cela me renvoie à l’âge de 13 ans, quand j’ai embrassé l’apprentissage et que régulièrement je m’entendais dire que je n’arriverai à rien, au vu d’un cursus scolaire chaotique. Mon parcours a été pavé de sacrifices, de persévérance et de passion. Mais la vie c’est aussi des histoires de rencontres et si je n’avais pas rencontré Marc Veyrat sur mon chemin, je n’en serais probablement pas là où j’en suis aujourd’hui.

Cet automne on vous a vu dans Objectif Top Chef. Que vous inspire cette nouvelle expérience ?

J’avais toujours refusé de faire de la télévision mais j’ai revu ma position. Je me suis laissé convaincre et j’y suis allé comme je suis, avec mes failles et ma sensibilité. Et j’avoue que ça a été riche en rencontres et en émotions. La relève est là. On assiste à une émergence de jeunes bourrés d’envie et de talent qui vous questionnent, vous challengent et vous poussent à toujours vous dépasser.

Si mon expérience peut servir, je pense que la clé de la réussite, c’est de se fixer une ligne de conduite et de s’y tenir. En ce qui me concerne, ma cuisine, si elle a évolué avec la maturité, a toujours été la synthèse entre la Bretagne, ma région natale, et la Haute-Savoie où j’ai grandi. Je finirai avec cette phrase qui résonne dans ma tête et prend aujourd’hui tout son sens : Comment un garçon aussi médiocre a fini par être aussi talentueux ? Et je me dis que ça m’est arrivé à moi, ça peut arriver à d’autres. Avancer un pas après l’autre, faire les bons choix et parfois prendre des risques pour faire que nos rêves se réalisent, c’est le conseil que je donne aux jeunes que je croise et que j’ai parfois la chance d’accompagner.