La vieille ville d’Annecy
Entre lac et montagnes, le centre historique médiéval d'Annecy est une invitation à la promenade et aux découvertes. Avec ses ruelles pavées, ses bâtisses colorées et ses bâtiments emblématiques, la Venise des Alpes est une cité riche en patrimoine. Au détour des canaux, laissez-vous conter les richesses du passé.
© Monica Dalmasso
Comment parler d’Annecy sans parler de sa vieille ville ?
La ville fortifiée nommée à l’origine « Boutae » – puis « Annecy-le-Neuf » avant d’être « le Vieil Annecy » – peut s’enorgueillir de posséder l’un des passés les plus anciens, avec notamment d’importants vestiges de « villages lacustres » datant de l’époque néolithique (-4000 av. JC).
Au Moyen Age, de nombreux artisans s’installent au bord de la rivière du Thiou et profitent de sa force motrice. De part et d’autres, des seigneurs féodaux s’implantent ainsi que le comte de Genève à Annecy. Se succèderont ensuite, l’intégration du territoire du Genevois au duché de Savoie, la création de l’apanage du Genevois, les guerres de religions, l’accession de François de Sales au siège épiscopal ou encore le rattachement de la Savoie à la France qui sont autant d’événements qui transformèrent la ville d’Annecy.
Il ne faut pas confondre le Vieil Annecy – ou la Vieille Ville d’Annecy – avec la commune déléguée d’Annecy-le-Vieux (faisant partie de la commune nouvelle d’Annecy depuis 2017).
En vous baladant, vous pourrez ressentir dans son architecture ce déroulé de l’histoire qui délivre à Annecy tout son charme. Entre monuments historiques et canaux, au détour des ruelles ou sous ses arcades médiévales, la vieille ville vous invite à une déambulation dans les couloirs du temps…
Découvrez les lieux emblématiques de la vieille ville d’Annecy !
Le Palais de l’Ile
Construit sur une île rocheuse naturelle, le Palais de l’Ile est certainement le monument le plus emblématique (et le plus photographié) du lac d’Annecy ! Il semble amarré tel un bateau de pierre dans la rivière du Thiou, bordé de chaque côté par des maisons baignant dans l’eau qui lui donne des allures de carte postale. Au XIIème siècle, c’était en fait une modeste maison forte et la résidence du châtelain d’Annecy.
© Monica Dalmasso / Le Palais de l'Ile
Au niveau de l’eau, ses robustes grilles rappellent cependant que ce fut par la suite une prison. Il fut aussi hôtel administratif, tribunal, hôtel de la monnaie, archives…
Il fut classé Monument Historique en 1900 et offre désormais la vision la plus pittoresque de la Vieille Ville.
Le Musée-Château
Le Château d’Annecy résume l’histoire de sa ville sur laquelle il parait veiller tout comme au Moyen Age.
Dès l’entrée dans la cour, le visiteur peut admirer l’harmonieux développement des façades, fruit et témoin de quatre siècles. Vous ne pourrez pas manquer l’imposante tour de la Reine qui est la partie la plus ancienne, datant du XIIIème siècle.
© Gilles Piel
Au XIIème siècle, des artisans délaissent Annecy-le-Vieux – ancien centre de vie situé sur les hauteurs d’une colline – et s’installent au bord du Thiou à proximité du lac. Ils fondent ainsi Annecy-le-Neuf.
Construit par les comtes de Genève pour protéger cette nouvelle ville d’Annecy-le-Neuf, le château fut racheté par la Savoie en 1401, pour devenir résidence des ducs de Genevois-Nemours au XVIème siècle.
Il servira de caserne lors de l’occupation espagnole à la fin du XVIIème siècle, puis sera déclaré bien national en abritant les armées républicaines & impériales et gardera cette fonction jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale.
En 1952 de nombreux sans-abris envahirent le Château, jusqu’à ce que la commune d’Annecy le rachète et le restaure l’année suivante. Aujourd’hui, il abrite le Musée-Château et l’Observatoire Régional des Lacs Alpins (ORLA).
Les canaux et le Thiou
Les canaux animent le quartier ancien en lui apportant une fraîcheur et une vie que les amateurs de pittoresque ne manquent pas d’apprécier. Il n’est pas rare de voir les artistes planter là leur chevalet !
Il faut savoir que c’est avant tout un des éléments qui a façonné la ville.
© Gilles Piel
En effet, le cours d’eau du Thiou au débit quasi constant a permis d’assurer en permanence le fonctionnement d’artifices, roues, moulins ou martinets, donnant ainsi à cette ville un caractère manufacturier dès le Moyen Age.
Il était utilisé aussi comme voie de transport très commode et facilitait l’acheminement des produits agricoles ou de matériaux des rives du lac au cœur même de la ville. Enfin, ce canal favorisait l’aménagement de viviers ou de réserves de poissons.
C’est l’une des plus courtes rivières de France (3.5 km) et aussi le déversoir naturel du lac d’Annecy.
Le Pont des Amours
Un cadre idéal pour les amoureux et un passage incontournable pour les visiteurs d’Annecy.
Que vous veniez du Pâquier ou des Jardins de l’Europe, après votre balade au fil de l’eau arrêtez-vous sur cette passerelle pour y admirer le paysage. En effet, un beau point de vue s’offre à vous avec d’un côté le lac d’Annecy et ses montagnes en arrière-plan et, de l’autre côté le Canal du Vassé qui s’écoule paisiblement, avec ses barques qui attendent sagement, sous une merveilleuse voûte de platanes.
© Gilles Piel
Ce pont ne manque pas de romantisme et témoigne de l’architecture en fer du début du XXème siècle (1907). Il est l’œuvre de Claude Grandchamp et résulte de plusieurs projets afin de remplacer l’ancienne passerelle de bois.
La légende raconte qu’un baiser échangé sur ce pont unirait les amoureux pour l’éternité.
Le Pâquier
Si vous visitez Annecy, vous foulerez sûrement le « Champs de Mars » plus connu sous le nom de Pâquier, qui signifie « pâturage » comme il l’était jadis aux portes de la ville.
Au XVIIème siècle, la généreuse propriétaire en fait don à la ville après avoir fait promettre de ne pas construire dessus.
© Gilles Piel
Ces 7 hectares en font aujourd’hui un grand espace à la disposition de tous, c’est un peu le « Central Park » des annéciens qui aiment s’y retrouver !
Vous pourrez également profiter d’un superbe panorama avec le lac d’Annecy à ses pieds et les montagnes qui plongent dans le lac tout autour. Une table d’orientation vous révèlera le nom de chaque sommet.
Ne soyez pas surpris de croiser des cygnes qui se baladent ; beaucoup y ont élu domicile !
Les Jardins de l’Europe
A deux pas de la Vieille Ville et en bordure du lac se trouve un parc à l’anglaise aux plantations centenaires et aux essences variées, où les annéciens aiment flâner…
Au Moyen Age celui-ci abritait des « cabanes de santé » nichées sur des îlots marécageux où on se rendait pendant les épidémies quand on était contaminé.
© Gilles Piel
Acquis par des banquiers de Lombardie au XIVème siècle puis par la famille Nemours au XVIIème qui en fait une première promenade, les Jardins de l’Europe seront finalement donnés à l’Ordre de la Visitation.
Les religieuses en firent un jardin clos relié au couvent via un pont couvert et servira aussi à l’artisanat local avant d’être déclaré bien national pendant la Révolution. La mairie lance ensuite un concours d’aménagement au XIXème et donne au jardin ce style « british » qu’on lui connait bien.
Aujourd’hui, vous pourrez identifier les arbres du Jardin de l’Europe grâce à des petites plaques. On comptait déjà 650 arbres et plus de 1000 arbustes en 1864. Vous pourrez également noter quelques sculptures qui vous honorent de leurs présences le long des allées du jardin, comme l’ingénieur Berthollet à qui on doit l’eau de javel.
Le quartier aux 5 clochers
Le patrimoine religieux d’Annecy ne manque pas d’intéresser les plus férus d’histoire. En effet, la Vieille Ville abrite des clochers emblématiques comme la Basilique de l’Ordre de la Visitation, l’Eglise Notre-Dame-de-Liesse, l’Eglise Saint-Maurice, l’Eglise Saint-François de Sales ou encore la Cathédrale Saint-Pierre.
5 clochers, 5 époques, 1 histoire.
© Gilles Piel
La Basilique de la Visitation est un haut-lieu du culte salésien et reçoit chaque année des milliers de pèlerins venus du monde entier. La Cathédrale Saint-Pierre était elle, destinée à servir de chapelle au couvent de Franciscains établis à Annecy au début du XVIème siècle avant d’être la cathédrale provisoire des évêques de Genève. Dans l’Eglise Saint-François de Sales, les visitandines abritèrent les dépouilles de leurs fondateurs. Quant à l’Eglise Saint-Maurice, elle fut édifiée au XVème siècle servant d’ancienne église des Dominicains.
N’hésitez pas à entrer dans ces édifices religieux afin d’en découvrir davantage sur leurs histoires et leurs secrets !
Les portes fortifiées
Il ne reste que très peu de vestige de l’ancien mur d’enceinte qui ceinturait la ville et qui demeurera presque intact jusqu’au début du XIXème siècle. Le Vieil Annecy a pu cependant conserver les éléments les plus typiques de la ville fortifiée que sont les portes. À l’époque, pour les franchir et entrer dans la cité alpestre, il fallait s’acquitter d’une taxe.
© Christian Molitor
Au sud se trouve la porte Perrière. Percée à travers l’épaisse muraille directement raccordée au château, elle a été pendant des siècles la principale entrée de la ville. Orienté en direction de Faverges, Albertville et l’Italie, le faubourg Perrière était placé sous l’étroite surveillance de la haute tour portant le même nom.
La porte Sainte-Claire était orientée en direction de Chambéry. Elle était elle-même renforcée par une porte plus à l’ouest, celle dite du sépulcre en souvenir de l’ancien couvent de cet ordre situé à proximité. Notez sa large ouverture en ogive livrant l’accès aux vieux quartiers, avec ses mâchicoulis, son clocheton et ses gonds usés par le temps.
L’Hôtel de Sales
Rue du Pâquier se trouve l’ancien hôtel particulier de Sales. Il possède une façade élégante ornée de 4 bustes représentant les saisons. Vous pourrez remarquer une belle porte cochère et la ferronnerie du balcon avec des feuilles de lauriers entrelacées, symbole d’éternité et les lettres BMS pour Benoît Maurice de Sales.
© Lac Annecy Tourisme
Construit par la famille de Sales, plus particulièrement par un petit-neveu de François de Sales, au XVIIème siècle, cette maison était utilisée comme résidence des princes de la Maison de Savoie à Annecy, lors de leurs séjours dans la ville. Au XIXème siècle, elle devient le siège de la Banque de Savoie.
Cet établissement possédait le privilège d’émettre des billets de banque si bien qu’après l’Annexion de 1860 il entra en concurrence directe avec la Banque de France. Il fallut plusieurs années d’affrontements et de négociations pour obtenir le rachat de ce fonds par cette dernière.
Le puits Saint-Jean
Le carrefour constitué par le croisement des rues Carnot, Royale, Notre-Dame et du Pâquier, a toujours été désigné du nom de « puits Saint-Jean« , en raison de l’implantation d’un puits situé, suivant une ancienne coutume, devant l’entrée principale de l’église du couvent de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
© Aliouelhadj Said
Si l’établissement a disparu à l’époque de la Révolution française, le puits a subsisté jusqu’en 1805, date à laquelle il fut comblé, tant pour des raisons de salubrité que d’aisance de circulation. C’est en effet à cette époque que fut ouverte la rue Royale qui allait devenir le principal axe de circulation de la ville d’Annecy.
Sur sa margelle on lit les noms des syndics d’Annecy qui l’ont fait réparer en 1689.
La tradition invite toujours les plus rêveurs à fermer les yeux, penser à son vœu le plus cher et terminer ce rituel en lançant une pièce dans le puits.
Jean-Jacques Rousseau & le Balustre d’Or
Face à la Cathédrale Saint-Pierre, une statue de Saint-Pierre orne la maison de la maîtrise où Jean-Jacques Rousseau, adolescent, apprit la musique. Jouxtant la cathédrale se trouvait le Palais Épiscopal (fin XVIIIème siècle) qui est devenu le conservatoire de musique et de danse (CRR) d’Annecy. Si vous traversez le porche, vous accèderez à son ancienne cour.
© C. Max
Avant sa construction à la fin du XVIIIème siècle, il y avait là une petite maison où vécut Mme de Warens que Rousseau rencontre en 1728. Elle avait 28 ans, il en avait 16. Un petit monument dans lequel une niche agrémentée d’un bassin abrite le buste du célèbre écrivain garde le souvenir de leur rencontre, le jour de pâques en 1728. « Le Balustre d’Or » est aussi agrémenté par des cœurs entrecroisés, ornés de fleurs de pervenche.
Vous pourrez retrouver les souvenirs de Jean-Jacques Rousseau à Annecy qui sont fidèlement conservés dans ses « Confessions ».
La Place Sainte-Claire
Sur la place Sainte-Claire l’ensemble immobilier récent rappelle sa manufacture de coton fondée en 1804. En effet, il existait ici jusqu’en 1973, les bâtiments d’une industrie textile dont l’importance avait été considérable au XIXème siècle puisqu’à son apogée elle employait 2000 ouvriers. Telle était cette entreprise qui s’était installée dans les locaux d’un ancien couvent de Clarisses après l’expulsion de ces religieuses au moment de la Révolution.
© Gilles Piel / La Place Sainte-Claire en vieille ville d'Annecy
À proximité de la porte Sainte-Claire et à l’intérieur de la Vieille Ville, vous pourrez admirer la jolie façade ouvragée d’un petit immeuble du XVIIIème siècle. C’est la maison Gallo, du nom de l’architecte qui la construite pour y résider.
Au pied du contrefort d’une arcade se trouve la fontaine Quiberet. L’existence de cette fontaine est très ancienne (1635). Alimentée par un puits, elle fonctionnait grâce au curieux dispositif d’une noria qui puisait l’eau à une certaine profondeur pour se vider dans une vasque intérieure se déversant à l’extérieur par un goulot. Notez la clé de voûte ornée du blason d’Annecy — la truite d’argent.
L’ancien Hôtel de Ville
Situé en bordure de l’actuel place Notre-Dame, l’ancien Hôtel de Ville se signale par sa façade XVIIIème siècle agrémentée d’un perron auquel on accède grâce à un double escalier. On peut remarquer le beau travail de fer forgé que constitue la grille bordant ces emmarchements baroques. La partie centrale de cet ouvrage, situé en bordure du balcon, présente dans son motif central les armoiries d’Annecy.
© Maurizio Priod
Depuis leur création, c’est dans ce bâtiment que se tinrent les séances du conseil de ville dont Annecy fut doté dès le XIIIème siècle. Avec le développement de la bourgade en 1770, les syndics décidèrent la reconstitution de la façade pour donner à leur ville un hôtel à la mesure de la cité. Mais un peu après la tourmente révolutionnaire, ce dernier devient insuffisant et les édiles entreprirent alors d’édifier l’actuelle mairie dans laquelle ils purent s’installer plus confortablement à partir de 1855.
L’Hôtel de Ville
L’architecture néoclassique de l’Hôtel de Ville est typique de l’époque sarde désignée sous le nom de « Buon Governo ». On y retrouve une rigueur qu’une récente restauration a voulu corriger par le choix d’une couleur ocrée pour le ravalement de la partie supérieure de la façade. Cette réfection a permis de souligner les éléments décoratifs qui étaient noyés jadis dans une grisaille uniforme.
© Françoise Cavazzana
La construction de cet édifice a été conçu par l’architecte genevois Samuel Vaucher-Crémieux et exécuté par l’ingénieur sarde François Justin. Elle a duré près de 10 années et les services municipaux s’y sont installés en 1855.
D’autres administrations trouvèrent également à s’abriter aisément dans ce vaste bâtiment. D’abord l’intendance sarde, préfiguration de notre actuelle préfecture, le tribunal, le télégraphe, enfin le musée et la bibliothèque qui occupaient le dernier étage en totalité.
En novembre 2019, un violent incendie a ravagé la toiture, les combles et les étages supérieurs de l’édifice. Le chantier de reconstruction est en cours.
L’Impérial Palace
A 20min à pied du centre historique, en longeant le Pâquier et l’avenue d’Albigny, se tient l’Impérial Palace. Tout commence à la Belle Époque en 1912 où René Leyraz souhaite construire un établissement de luxe au bord du lac en s’inspirant du château français du XVIIème siècle.
L’ouverture se fait l’année suivante et la haute société commence déjà à envahir l’hôtel, ses salons Empire et son restaurant style Louis XVI. Les têtes couronnées et autres personnalités défilent comme George VI, Winston Churchill, Edith Piaf ou encore Charlie Chaplin jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale éclate. Contraint de fermer ses portes en 1965, la ville le rachète pour sauvegarder ce site exceptionnel.
© J. Cousin
En 1991, l’emblématique hôtel renaît de ses cendres et accueille le Casino d’Annecy. On y trouve aujourd’hui également un espace bien-être et un centre de beauté. L’agglomération du Grand Annecy développe également le tourisme d’affaires, avec son Centre des Congrès implanté dans cet édifice historique.
En vous baladant dans les 5 hectares du parc de l’Impérial Palace, vous pourrez admirer sa volière grandiose et sa magnifique roseraie.