
Portrait
Théo Arifont
À la découverte des secrets d’AnnecyÀ Annecy, il y a les incontournables images d’Epinal et ce légendaire petit air de carte postale : le lac, les cygnes, la vieille ville, les glaces artisanales et les ruelles pavées…
Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’un jeune homme aux allures de dandy s’est donné pour mission de dépoussiérer l’histoire locale à grands renforts de sourires, d’anecdotes croustillantes, et parfois… de mise en scène théâtralisée.
Son nom ? Théo Arifont.
Sa devise ? Quand on rit, on apprend. Et ça, même Molière l’aurait validé.

© Monica Dalmasso / Vieille ville d'Annecy
Avec sa décontraction toute naturelle, son élégance bohème et ses clins d’œil humoristiques, Théo a le don de la narration mais aussi celle de l’incarnation. Son habit de guide-conférencier lui va comme un gant, style singulier et goût de l’anecdote au taquet pour vous faire voyager avec lui à travers les temps.
Théo Arifont appartient à la nouvelle génération de guides-conférenciers qui s’affranchissent du ton sans jamais négliger les détails. Né au pied des montagnes et la tête haut perchée, Théo est un annécien pure souche, passionné par son territoire autant que par la grande Histoire… et toutes les petites qui s’y rattachent.
Cette histoire, il la narre avec humour sans tomber dans la désinvolture. Parfois théâtralisées, ses visites s’adaptent à son auditoire et captent l’énergie du moment pour rendre chacune d’entre elles unique et vivante.

© Bastien Bouvet Maréchal / Visite costumée
Le patrimoine comme théâtre des temps
Derrière sa prestance soignée et le costume napoléonien qu’il endosse parfois, Théo cache un parcours étonnant.
Né à Annecy, il tombe très vite dans la marmite du patrimoine sans vraiment savoir où tout cela le mènera. Étudiant en histoire, il découvre le métier de guide-conférencier un peu par hasard.
Puis vient le plaisir de guider un public en animant des visites théâtralisées au Château de Menthon-Saint-Bernard ainsi qu’en échangeant avec l’association lyonnaise Cybèle. Une révélation professionnelle qui ne manque pas de panache.

© Mehdi-Luis Aboudya / Visite guidée
L’expérience est un déclic : « J’ai vu que je pouvais allier théâtre et histoire, ça a été le coup de foudre professionnel ». C’est ainsi qu’il s’oriente vers un Master Patrimoine et Médiation Culturelle, décroche sa carte de guide-conférencier, et se lance dans la grande aventure du commentaire érudit, mais jamais ennuyeux.
Dès son diplôme en poche, Théo part 6 mois à Séville en tant que guide avant de saisir au vol l’opportunité de devenir guide-conférencier de la ville d’Annecy. Il se met alors en lien avec les services de l’Office de Tourisme et monte sa petite entreprise guidant ainsi locaux et touristes sur les chemins de l’histoire annécienne.
À tout juste 25 ans, des idées qui fourmillent plein la tête, Théo a tout d’un startupeur de la culture… Supplément convivialité assuré. Que ce soit en version visite classique dans les dédales de la vieille ville ou en incarnant Napoléon III pour partir sur les traces laissées par le Second Empire, témoins d’une histoire que l’on peut toucher du doigt, Théo imagine mille et une façons d’aborder le patrimoine local. Les grands travaux urbains, les quelques vestiges du Moyen-Âge, les origines de la Fête du Lac ou encore l’arrivée du train… Le guide balaye les grands temps forts de l’histoire et nous fait voyager par-delà les temps, histoire de regarder la ville autrement.
Le présent à la lueur du passé
En construisant ainsi des ponts entre les époques, Théo fait vibrer l’histoire. Au fil des secrets distillés, c’est tout le plaisir de percer ce qu’aucun manuel ne pourrait nous raconter que l’on ressent.
Parmi ses anecdotes favorites, il y a celles qui gravitent autour de l’église Saint-Maurice située en face de l’Hôtel de Ville. Info insoupçonnée, construite pour accueillir de grandes assemblées de Dominicains, sa nef centrale est 10 cm plus large que celle de Notre-Dame de Paris ! Le détail mérite d’être souligné. De la même façon, à l’inverse de la plupart des églises qui étaient peintes à l’origine et ont été épurées au fil des temps, l’église Saint-Maurice était plutôt austère avant d’être étayée de fresques colorées, au 19ème siècle notamment. Enfin si l’on a parfois l’impression que l’église penche, il ne s’agit pas que d’une illusion d’optique. Construite sur des marécages, elle emprunte des faux airs de Tour de Pise, toute proportion gardée !
Pour s’écarter encore davantage des sentiers battus mais aussi et surtout s’adresser à un public diversifié, Théo a mis en place un nouveau style de visite, basée sur l’activation des sens. À travers une échappée sensorielle, le toucher et l’ouïe pour principaux guides, il s’agit de proposer une alternative qui soit accessible aux non-voyants, malvoyants et personnes à mobilité réduite. Et quand Théo parle de toucher les pierres, d’écouter les clapotis de la rivière ou de suivre un parcours au fil des ponts de la ville, on comprend à quel point ce patrimoine est éminemment vivant. « D’autant que ce qui est conçu pour des publics empêchés peut aussi enrichir l’expérience de tout le monde »… une manière, sensorielle à souhait, d’appréhender la ville et son histoire.
Visites guidées 2.0
Comme Théo est aussi passionné par l’histoire que par le fait de la faire découvrir, il imagine sans cesse de nouveaux projets.
Parmi les derniers en date, construit en collaboration avec Aude Thierrin, une sorte de chasse aux trésors culturelle, un jeu de piste à travers la ville qui ouvre la voie de la découverte aux familles et groupes d’amis qui seraient d’ordinaire frileux à l’idée de se faire guider. Autre perspective à venir pour l’été prochain : embarquer à vélo pour un tour du lac instructif. Ponctuée d’étapes sur les rives du lac, la visite prendrait des airs de dolce vita, le vélo agissant comme une machine à remonter le temps et traçant le chemin vers tout un patrimoine niché aux abords des villages de Menthon-Saint-Bernard, de Talloires-Montmin ou de Duingt qui recèlent tant de merveilles et d’histoires bercées. De quoi se laisser conter, au fil de l’eau.
Avec son envie aussi sincère que bouillonnante d’explorer l’histoire et ses recoins, Théo est un concentré d’énergie positive qui s’adapte à son public, quel qu’il soit. « Je ne donne pas de cours, je crée un moment de loisir culturel ». Évitant les dates inutiles et les longueurs qui pourraient éloigner certains auditeurs de ce type de visites commentées, s’appuyant aussi souvent que possible sur les réalités visibles et autres détails de bâtiments pour accrocher le regard, Théo répond aux questions levées dans un souci permanent d’échange et d’interaction.
N’hésitez plus, suivez le guide !

© Mehdi-Luis-Aboudya / Suivez le guide
Pour continuer l’été et glisser tout doucement vers l’automne, Théo vous propose encore des visites guidées pour découvrir le vieil Annecy. Rendez-vous les 13, 27 septembre et le 4 octobre !
Et n’oubliez pas, les 20 et 21 septembre prochains, les Journées du Patrimoine sont de formidables occasions de se plonger dans cette histoire locale parfois méconnue. Théo proposera plusieurs visites durant tout le week-end.
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Une autre histoire
Crédit photo haut de page :
- © Théo Arifont
Journaliste : Gaëlle Tagliabue