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Les masques du Carnaval Vénitien d’Annecy

Robin - 01 juillet 2015

Nous entendons de plus en plus parler du Carnaval Vénitien d’Annecy, mais moins de l’association qui l’organise : ARIA. L’occasion est donnée au de rencontrer ses membres actifs et d’avoir le privilège de découvrir qui se cache derrière certains masques…

Pouvez-vous nous expliquer l’origine et les missions de l’association ARIA ?

En 1995, sous l’impulsion d’établissements scolaires qui entretenaient déjà des liens d’amitiés notamment à travers des échanges scolaires, la ville d’Annecy établit un jumelage avec celle de Vicenza. L’association ARIA (Association Rencontres Italie Annecy) voit le jour en parallèle.

ARIA a 2 objectifs :

  • La promotion de la culture italienne sous toutes ses formes et de la langue italienne
  • Le soutien du jumelage Annecy – Vicenza notamment en favorisant les échanges quels qu’ils soient entre les 2 villes

Pour ses membres, l’association organise régulièrement des conférences, des repas, des séances de conversation italienne et 3 voyages dans l’année. A sa création en 1995, l’association décide également de mettre en place une manifestation grand public. C’est le début du Carnaval Vénitien d’Annecy.

Masque du Carnaval vénitien
Le Carnaval Vénitien d'Annecy

© Didier Baillet / Le Carnaval Vénitien d'Annecy

L’événement phare de l’année pour vous est sans aucun doute le Carnaval Vénitien. Vous attendiez-vous à un tel succès au départ ?

Non, nous ne nous attendions pas à un tel succès car cela a été progressif. La première édition du Carnaval Vénitien a lieu en 1996. 6 masques étaient alors présents. 3 ans plus tard, un petit groupe de 5 personnes de Remiremont dans les Vosges se joint au Carnaval. Beaucoup plus viendront les années suivantes. Les masques ont amené les masques par connaissance… notamment ceux du Carnaval de Venise. Maintenant nous avons 350 à 400 inscrits. D’autres masques peuvent venir d’eux-mêmes. Simplement ceux qui s’inscrivent ont recours à nos différents services : vestiaires, buvettes,  toilettes, accueil, repas le samedi soir… Cela permet d’avoir des moments de convivialité entre les participants du Carnaval et les bénévoles. C’est important car chaque masque est une histoire en soi. Au-delà de la beauté du costume c’est aussi cela que l’on retient, les personnes attachantes qui sont dessous. Nous recevons beaucoup de demandes pour savoir comment participer, où trouver des costumes… On pourrait penser que c’est désuet mais on se rend compte que c’est toujours aussi attractif !

Du reste, nous avons tout connu : la pluie, la neige, le froid, le beau temps. Les photographes avaient beaucoup aimé la neige, nous un peu moins… C’est une manifestation où il y a beaucoup de poésie, de féérie. Nous entretenons un lien particulier avec les photographes. C’est même une amitié qui se crée avec certains. Ils nous envoient leurs photos, il y a un désir de se retrouver chaque année.

Le Carnaval vénitien

© Gilles Piel / Le Carnaval vénitien

Les carnavals vénitiens sont de plus en plus nombreux en France et à l’étranger. Qu’en pensez-vous ? Quelle est la différence du Carnaval d’Annecy par rapport aux autres ?

Il est vrai que les carnavals vénitiens se sont vraiment multipliés ces derniers temps, on en trouve partout ! Certains événements sont moins authentiques, avec un aspect plus commercial. Les masques sont bien reçus, logés et nourris, mais derrière ils ont une sorte de contrat à respecter, les déambulations sont moins libres… Cela risque peut-être de lasser les gens d’en voir partout.

Le « vrai » Carnaval de Venise dure 12 jours et prend fin le soir du mardi gras. Celui d’Annecy débute 10 jours après. Très souvent, nous enchaînons Venise et Annecy. Mais c’est toute une organisation, il faut aller jusqu’à Venise en transportant les costumes, se garer à Mestre, prendre le train, le bateau, rejoindre l’appartement loué depuis juin… Il faut être passionné ! Et malheureusement le Carnaval de Venise n’est plus le même qu’avant. Il y a 10 ans c’était féérique. Désormais on a perdu cela. Il n’y a plus cette magie, on entend de la musique tonitruante un peu partout… Ce n’est pas ça Venise, Venise c’est la nostalgie !

En ce qui nous concerne, nous avons toujours trouvé qu’après Venise, Annecy était le lieu où se prêtait le mieux un Carnaval Vénitien. Il y a ici un caractère plus authentique que dans d’autres villes, déjà au niveau de la période, c’est l’hiver, le « vrai » moment du carnaval ! C’est également un événement très familial.

Le Carnaval vénitien

© Olivier Puthon / Le Carnaval vénitien

Vous êtes venus avec 2 de vos masques les plus emblématiques, Yolande et Marie-Thérèse, qui ont pour particularité de se costumer toujours en duo. Pouvez-vous nous présenter votre duo de choc ?

M-T : Nous travaillons toujours à deux avec Yolande, nous faisons un costume complémentaire. C’est un engagement que nous prenons l’une envers l’autre. C’est angoissant car on a peur de ne pas être à la hauteur pour l’autre mais en même temps c’est stimulant, on s’épaule, il y a une émulation dans la création, la recherche d’idées… Quand on n’est pas d’accord nous avons une amie commune qui tranche ! Nous réalisons nous-mêmes la plupart des costumes que nous portons. On a passé beaucoup de temps dessus, quelquefois c’est de l’angoisse, mais après on lui donne la vie. On est à la fois impatiente et angoissée à l’idée de le porter. Mon mari nous aide beaucoup techniquement pour créer l’armature… Car il faut savoir qu’un chapeau pèse presque 4 kg et une de nos robes 7 kg !

Comment se déroule la confection d’un nouveau costume ? Combien de temps faut-il compter ?

M-T : C’est beaucoup de création, on commence par dessiner, au départ ça ne ressemble pas à grand-chose. Ensuite c’est la recherche des tissus, des accessoires, le bricolage qui commence… Depuis 20 ans il y a eu une très forte évolution dans la conception des costumes de la part de tous les masques du Carnaval Vénitien d’Annecy, on peut dire que la plupart sont au niveau de la haute couture.

Y : Pour ce qui est de la durée, généralement nous mettons entre 9 mois et 1 an pour réaliser un nouveau costume. Une année nous en avions confectionné un uniquement avec des cravates, là on avait mis 1 an 1/2…

Etes-vous passionnées de couture ?

M-T : Je suis passionnée par la confection de vêtements depuis l’âge de 13 ans grâce à ma mère et des amies. Pour le costume, c’est le côté créatif qui nous plait beaucoup. Nous n’avions aucune base au départ. Nous avons appris et perfectionné année après année. La recherche de tissu, de plus en plus difficile du reste, est souvent le point de départ. On voit une couleur, un détail sur une photo… et c’est l’illumination… On trouve plus facilement à Paris qu’ici, notamment dans des magasins fréquentés par des costumiers de théâtre. Le choix est immense pour créer des assortiments de couleurs.

Depuis quand et d’où vous vient cette passion pour les costumes ?

M-T : Nous nous connaissons depuis l’école maternelle avec Yolande et avons toujours aimé nous costumer. Au départ des costumes de toute sorte : en Mickey et Minnie… pour des fêtes entre amies. Progressivement nous avons dérivé pour arriver au Carnaval Vénitien où nous nous sommes épanouies. Les premières années n’étaient pas fameuses… et petit à petit on s’améliore !

Y : Nous avons l’impression de nous transformer en une nouvelle personne à chaque carnaval, c’est ce qui est magique ! L’histoire du costume à travers les âges nous inspire beaucoup.

Où déambulez-vous ?

M-T et Y : Sur une année type nous participons au Carnaval de Venise, au Carnaval Vénitien d’Annecy puis au Carnaval de Remiremont, lancé un an avant celui d’Annecy. Généralement nous confectionnons un nouveau costume chaque année qui est utilisé pour les 3 événements. Aujourd’hui nous avons chacune une vingtaine de costumes, plus les costumes de nos petits-enfants.

Comment vivez-vous le carnaval derrière le masque ? Que ressentez-vous ?

Y : On n’est plus la même personne, on a l’impression de se transformer, c’est très amusant. On peut jouer, on peut aller toucher l’épaule de notre pire ennemi et il ne le saura pas. C’est attrayant, c’est ça qui est la base du carnaval ancien.

M-T : On s’identifie au costume de façon naturelle, on joue un rôle, c’est vraiment un jeu. On fait vivre le costume, on devient le personnage, on le met en scène, c’est un peu du théâtre. A travers notre duo nous jouons beaucoup sur la gestuelle, nous interagissons.
Et puis il y a surtout le regard, celui des gens, celui des enfants, celui des hommes… Ces messieurs qui pensent que dessous il y a une jeune fille. Mais quand vous passez sur le podium et que vos petits-enfants vous appellent mamie ça casse tout !
Le ressenti est différent en fonction de la personne qui nous observe. Dans les yeux de dames d’un certain âge, on peut penser presque entendre « Oh le joli travail ! » Dans les yeux des jeunes femmes c’est plutôt « Qu’est-ce que j’aimerais être dans une robe comme celle-là ! » Et dans les yeux des jeunes hommes, alors là c’est une autre lueur… « Qui y a-t-il derrière ? » C’est énigmatique… Nous les laissons à leurs rêves !

Le Carnaval vénitien

© Lac Annecy Tourisme / Le Carnaval vénitien

Questions

Le lac d’Annecy en 3 mots

M-T : Merveille, plaisir, argent (pour la couleur du lac en hiver).

Y : Couleur, changeant, perle.

Votre saison préférée et pourquoi ?

M-T : L’hiver avec les montagnes enneigées.

Y : L’automne pour la couleur des paysages.

Votre plat régional préféré ?

M-T et Y : La tartiflette.

Une expression locale ?

M-T et Y : On va Y faire.

Votre événement favori ?

M-T et Y : Ce ne peut-être que le Carnaval Vénitien, nous y sommes tellement attachées !

Votre petit coin de paradis ?

M-T : Mon atelier de couture. J’y vais tous les jours, c’est un besoin. Sinon dans les Jardins de l’Impérial.

Y : Menthon-Saint-Bernard, notamment sa promenade entre la plage et le Palace de Menthon. C’est toujours une évasion de retourner là-bas !

Un endroit pour s’évader en amoureux ?

M-T : Quelque part dans les Bauges…

Y : A Chavoires.

Une superbe journée en famille ?

M-T et Y : Entourées de nos petits-enfants, peu importe le lieu !

A ne pas manquer avant de partir d’ici ?

M-T : Aller faire un tour au col de la Forclaz, c’est magnifique ! Tous les gens qui découvrent ce panorama pour la première fois, même les enfants, sont émerveillés.

Y : Voir les montagnes depuis Saint-Eustache. Ou se balader sur les hauteurs du Mont-Veyrier !

Un petit mot pour la fin ?

M-T et Y : Pouvoir profiter de tous les plaisirs du lac d’Annecy et du Carnaval Vénitien le plus longtemps possible !

ARIA 74