Inspiration
Le Libellule
en pleine transition électriqueLe vaste chantier d’électrification de la flotte de la Compagnie des Bateaux du Lac d’Annecy est en cours. Objectif printemps/été 2024 pour la totalité de la flotte.
Après le Savoie, c’est au mythique Libellule de faire peau neuve. Actuellement en cale sèche du côté de Sevrier, le Libellule retrouvera fièrement la place qui l’attend au bord du Quai Napoléon III d’ici la fin du mois de septembre.
Philippe Gausset, président de la Compagnie des Bateaux du Lac d’Annecy nous l’avait dit lors du lancement de ce vaste chantier d’électrification : « Avant de permuter les moteurs, nous nous devions d’optimiser la consommation d’électricité de nos bateaux. C’est pourquoi, nous avons commencé par entamer des rénovations profondes des bateaux qui le nécessitaient. »
Suivez-nous dans les coursives d’un chantier pas tout à fait comme les autres…
© Gaëlle Tagliabue / Le Libellule et Philippe Gausset
Transformation au fil de l’eau
Le Libellule, qui figure parmi les emblèmes immanquables du lac d’Annecy, fait, depuis le mois d’octobre dernier, l’objet d’une rénovation de fond en comble. 400 tonnes, 60 mètres de long et 12 mètres de large, le Libellule est un beau bébé. Sa rénovation est à la hauteur de sa stature autant que de sa renommée. C’est en explorant ses entrailles que nous en prenons la mesure.
Et vu de dessous, déjà totalement repeint, la bête flottante a fière allure.
© Gaëlle Tagliabue / Le Libellule fait peau neuve
Toute la tuyauterie a été refaite, les tuyaux isolés et enrobés de fils chauffants pour ne pas qu’ils gèlent. Les arbres des hélices et l’axe du gouvernail ont été remplacés. L’installation électrique a été entièrement démontée, repensée et optimisée. Toutes les vitres ont été remplacées par du double vitrage et l’isolation du bateau a été entièrement reprise. De ce fait, le bilan de masse conduit à une réduction de poids de l’ordre de 15 tonnes.
Le chantier du Libellule est aussi l’occasion de réorganiser les espaces. Dans la salle de réception où la scène a été réaménagée pour permettre d’installer de nouvelles tables, on peut apercevoir les ancres que les visiteurs pourront aussi admirer puisque celles-ci seront laissées apparentes. La décoration a été revue dans des teintes bleues et gris notamment pour les moquettes. Sur le pont supérieur, le sol a été repeint dans une teinte gris clair pour minimiser le rayonnement solaire et optimiser l’isolation thermique de l’ensemble.
Electrification au long cours
Côté technique et dans les cales, deux salles d’une quinzaine de mètres carrés, une à bâbord, l’autre à tribord, sont entièrement dédiées à abriter les batteries. 64 racks de batteries par côté. Soit 800 volts et 600KW pour l’ensemble du dispositif. Ces batteries de fabrication française sont garanties 8 ans mais l’évolution des technologies liées à l’électrique étant en ce moment tellement rapide, Philippe Gausset a bon espoir que de nouveaux systèmes permettront une longévité plus importante du dispositif à l’avenir. « A titre d’exemple, lorsque j’ai commencé à étudier l’électrification des bateaux en 2019, il fallait prévoir 19 tonnes de batteries, aujourd’hui cela ne représente plus que 3,5 tonnes. C’est dire si l’électrique fait d’immenses et de fulgurants progrès en ce moment. »
Les travaux d’électrification sont réalisés par des entreprises de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
© Gaëlle Tagliabue / Nouvelles salles des batteries
D’autre part, un système de climatisation a été installé dans les cales pour les maintenir à une température de 22°C et optimiser la durée de vie des installations. Pour lutter contre le risque d’incendie, un revêtement permettant d’isoler la cale du bateau pendant une heure a été mis en place et un système de tuyaux permet de noyer la cale en cas de besoin.
Rechargées la nuit dans le Thiou en charge lente et principalement en été, période à laquelle l’exploitation des bateaux est la plus importante, la charge des bateaux ne viendra pas impacter le réseau.
Une flotte dans le flot
Un chantier qui aura pris environ un an mais qui va dans le sens de l’idée que l’on se fait de la navigation sur le lac d’Annecy, douce et respectueuse. Une fois la totalité de la flotte de la Compagnie des Bateaux du Lac d’Annecy électrifiée, le bilan carbone qui s’élevait alors à 1 800 tonnes de CO2 émis par an tombera à 30 tonnes par an. Avec une perspective de 55 000 heures de navigation pour les moteurs électriques contre 25 000 heures garanties autrefois pour les moteurs thermiques, là encore la longévité du processus en dit long.
Un chantier ambitieux qui s’élève à 6 millions d’euros pour la flotte annécienne et près de 3 millions d’euros pour le Libellule à lui seul. Annecy et son homologue aixoise pourront se féliciter d’être le fleuron de cette navigation électrique avec 10 bateaux électriques, 2 de plus que Paris qui n’en détient à ce jour que 8 ! Petite gloire savoyarde !
© Gaëlle Tagliabue / Un projet ambitieux d'un an
A la faveur des eaux
Dès cet automne, les locaux et les visiteurs pourront retrouver avec plaisir l’iconique Libellule voguer sur les rives du lac d’Annecy. Et pour ceux qui auront la chance d’embarquer à bord, un autre élément clé pourrait bien les convaincre de la réussite de ce chantier : le silence… A fleur d’eau, le Libellule filera sans un bruit, si ce n’est celui de la brise légère berçant ses flots.
Dans ce projet de décarbonation de son activité, la Compagnie des Bateaux du Lac d’Annecy a pu bénéficier d’aides de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de l’État à travers Voies navigables de France, mais également du Fonds Air Entreprises organisé par le Département de la Haute-Savoie et le Grand Annecy.
© Compagnie des Bateaux – Fou d'Images / L'iconique Libellule sur le lac d'Annecy
Compagnie des Bateaux du Lac d’Annecy
2 place aux Bois – ANNECY
Une autre histoire
Crédit photo :
- © Monica Dalmasso
Journaliste : Gaëlle Tagliabue