
Inspiration
Brasserie Brunet, en accord majeur
initiales BBC’est en 2018 que la Brasserie Brunet prend la suite du Contresens et s’impose peu à peu dans la sphère culinaire annécienne comme une évidence. Une adresse qui porte le sceau du chef trois étoiles Laurent Petit et érige aujourd’hui au plus haut les valeurs d’un duo au grand cœur.
A la vie comme à la scène, le chef Nicolas Guignard et sa compagne Pauline Lemettre se complètent en accord parfait et donnent à la Brasserie Brunet ses lettres de noblesse infusées au plaisir… Pourvu qu’il soit partagé.

© Aurelio Rodriguez / Nicolas Guignard & Pauline Lemettre
Pour le plaisir à l’unisson
Sur les banquettes vertes de moleskine, dans le reflet moucheté des miroirs piqués, la Brasserie Brunet cultive son art de vivre.
Le sourire en pendentif et l’âme à la convivialité, Nicolas & Pauline ont réussi le pari de créer leur univers, celui qui leur colle au cœur.
« Si Laurent Petit nous a mis le pied à l’étrier, il nous laisse totalement libre de nous exprimer et nous lui en sommes tellement reconnaissants. C’est grâce à lui que Nicolas a vraiment commencé à prendre du plaisir en cuisine, et moi il m’a toujours dit que la restauration m’apporterait ce que je recherchais… Il avait tellement raison ! », nous confie Pauline avec émotion. L’occasion de remonter le fil de l’histoire qui les font se rencontrer à l’adolescence.

© M. Cellard
Si Nicolas plonge très tôt dans la marmite avec un CAP de cuisinier en poche, il met du temps à trouver véritablement l’épanouissement aux fourneaux. C’est descendu de sa Touraine d’origine qu’il met un premier pied dans l’escarcelle de Laurent Petit et œuvre au café Brunet, un déclic.
Pauline, elle, poursuit ses études d’ingénieur dans le secteur de l’agroalimentaire sans vraiment s’y retrouver puis finit par rejoindre Nicolas sur les rives du lac d’Annecy. Et fait ses armes, côté salle, dans différents établissements.
Crise Covid, confinements et remises en question, il est temps d’écrire une nouvelle page, à deux cette fois, dès la réouverture de la Brasserie Brunet en mai 2021. Puis ne plus se quitter, monter en puissance et trouver sa place, ici comme à la vie.

© M. Cellard
Jusqu’à l’équilibre parfait, celui de la salle comble et de la renommée méritée, sans froufrous ni artifices. Lorsque l’on parle distinctions, Nicolas & Pauline répondent à l’unisson.
Leur leitmotiv à eux c’est le plaisir à tout prix, transmis et partagé. Pour autant, ils ne boudent ni leur fierté ni leur satisfaction d’avoir reçu les trois écotables en janvier 2024 tant ce label a un sens particulier.
« Ce label nous fait honneur en valorisant la globalité de notre approche, mais cela nous incite aussi à repousser encore un peu plus les curseurs en termes de circuit court, d’origine des produits et de gaspillage. » Une responsabilité dans l’assiette et bien au-delà qui donne du sens et fait résolument écho à l’essence de la maison.

© Aurelio Rodriguez
Pour le sens du vivant
Passer la porte de la Brasserie Brunet un soir d’automne, c’est pénétrer l’antre d’une forêt mordorée, c’est prendre une belle bouchée de saveurs de sous-bois, une lampée de tonalités terriennes…
C’est comprendre la saison, le ton qu’elle donne et les secrets dont elle regorge.

© M. Cellard
Un phénomène d’immersion totale qui se reproduit à chaque instant ; l’été saupoudré des herbes fraîches du jardin, le printemps glorifié des trésors lacustres de la pêche et l’hiver magnifié par les prises imprévues de la chasse.
Même lorsque le panier végétal est moins varié, la créativité se déploie en cuisine pour extraire, davantage encore, chacune des ressources offertes par le terroir. Car c’est bien là la couleur de la maison, faire une cuisine de produit, avant tout. Et jusqu’au bout en valoriser son entièreté.
C’est au cœur de cette exigence que le chef Nicolas Guignard a trouvé son identité, celle qui le guide chaque jour. Un lien ténu qui se préserve comme un bien précieux : « Nous essayons avec l’équipe d’aller le plus souvent possible à la rencontre des producteurs. Et à chaque fois, j’apprends quelque chose de nouveau qui me permet de mieux appréhender les produits, leurs qualités et leurs spécificités ».

© Aurelio Rodriguez
Suivant donc le fil du temps et la cadence du vivant, la saisonnalité retrouvée érige une cuisine inspirée du bon sens paysan et reconnectée aux savoirs enfouis.
Car ici, c’est une chance, le vivier est riche et il est possible de trouver tous les produits en circuit ultra court, à part évidemment les poissons de mer. Seule infidélité au terroir autorisée comme nous l’explique Pauline Lemettre : « Nous travaillons avec une criée des Sables d’Olonne, ce qui nous permet d’avoir des produits provenant de la pêche de petits bateaux et même de pêche à la ligne. Cela nous permet de respecter le rythme de la filière des poissons de lac et de ne pas l’épuiser. Nous pouvons aussi avoir recours à des poissons d’eau douce provenant d’élevages pour les mêmes raisons ».
Pour le reste, le territoire exerce sa magie.

© Aurelio Rodriguez
Pour l’amour du produit
Dès la première bouchée, c’est la mélodie du bonheur transmise à l’assiette ; le beurre fumé au foin à la texture fouettée tartiné sur un pain croustillant, la friture craquante de truitelles de la pisciculture de Thonon plongée dans son aïoli au piment d’Espelette, la tarte aux cèpes fondants et sa crème addictive de cèpes et de noisettes à lécher à la cuillère…
Le ton est posé, la valse des saveurs concentrées dans un jus parfumé virevolte et flotte alors la petite musique d’une cuisine inspirée du terroir, saucée à l’authenticité.

© Aurelio Rodriguez
Terrienne, libre et assumée, la cuisine tourbillonnée de Nicolas nous propulse dans une envolée de parfums extraits sublimés par un vin parfaitement sélectionné. Et sur ce volet, c’est Pauline qui officie.
Passionnée de vin depuis son plus jeune âge, initiée par son beau-père, ami de Laurent Petit, elle goûte tout le temps, ne refuse jamais une dégustation et peaufine ses connaissances. Ni œnologue ni sommelière, son goût s’affine toutefois en parfaite autodidacte jusqu’à devenir de plus en plus averti. Si bien que certains habitués de la Brasserie Brunet viennent aujourd’hui aussi pour ce que Pauline transmet à travers sa cave où se nichent quelques pépites. Une complémentarité qu’elle cultive à la force de l’envie et qu’elle enrichit aussi des conseils avisés de Thomas Lorival, sommelier du Clos des Sens. A la question de l’accord parfait du moment entre mets et vin, Pauline signe sans hésiter pour un Saint-Joseph 100% Syrah accompagnant l’un des plats clés, le boudin noir aux oignons confits poêlé à la plancha et compotée de fruits.

© Brasserie Brunet
Seul mot d’ordre donc de la tablée, s’adapter à l’arrivage dans le respect absolu de la ressource et des producteurs. De propositions audacieuses en plats délicats, le menu type s’agrémente de suggestions changeantes, valorisant toujours le panier des maraîchers, la récolte de la cueillette, le produit de la pêche et celui de la chasse, assumant parfaitement la frustration de ne pas tout avoir à la carte.
Alors se laisser surprendre… et déguster jusqu’à la lie !

© Brasserie Brunet
Une autre histoire
Crédit photo haut de page :
- © Aurelio Rodriguez
Journaliste : Gaëlle Tagliabue