Portrait
Antoine Mesnage
Passager du Vide« Pas un jour ne se passe sans que je pense à marcher sur un fil »…
Suspendu entre ciel et terre, Antoine Mesnage défie le vide comme une hirondelle sur un fil invisible.
Depuis quinze ans, ce virtuose de highline natif d’Annecy et pionnier dans cet art aérien explore les sommets avec un point de vue unique sur les crêtes, à des dizaines de mètres au-dessus du sol.
Rencontre avec un alpiniste qui a fait de son sport un moyen aussi audacieux qu’éphémère de contempler la grandeur des cimes et de dompter la montagne.
© Estelle Faralli / Antoine Mesnage, Passager du Vide
Ce n’est donc pas un hasard s’il est aujourd’hui photographe, vidéaste et réalisateur spécialisé dans les images de montagne.
Le virus, c’est son père qui lui a transmis enfant en l’initiant à l’escalade. Plus tard, il découvre la slackline, une pratique sportive née en Californie dans les années 1980 – à ne pas confondre avec le funambulisme – qui se pratique sur une sangle élastique et non sur un fil, sans aucun accessoire de type balancier. La discipline a véritablement pris son envol – au sens propre comme au sens figuré – à partir des années 2000.
La highline en est une déclinaison qui se pratique en hauteur, la plupart du temps en montagne.
© Antoine Mesnage / Highline aux Dents de Lanfon
A 29 ans et avec une dizaine de voies ouvertes en France, Antoine Mesnage fait partie des pionniers de la discipline.
En highline, le travail de préparation et l’installation constituent un défi aussi important que la traversée, notamment sur les longues distances. Mais l’artiste n’est pas seul dans cette entreprise, puisqu’il est membre du collectif Les Passagers du Vide*, un groupe de « sportifs funambules » liés par une amitié de longue date et la passion commune de la montagne qui en ont fait leur terrain de jeu quotidien.
Lorsque la configuration est périlleuse, ils utilisent un drone relié à une ficelle qui permet de tendre la sangle entre les deux points d’ancrage. C’est ainsi qu’ils ont procédé cet automne pour ouvrir la ligne emblématique de la Porte des Aravis, entre deux sommets vertigineux distants de 200 mètres. Une première, doublée d’une véritable prouesse technique et un film qui sera dévoilé en avant-première à l’occasion du Festival de Street Art du Val d’Arly en mars prochain.
© Loris Poussin / La highline, sport collectif
Mais n’allez pas croire que ce sont des têtes brûlées, le risque est mesuré et ils sont attachés pour évoluer sur la sangle. Le défi est avant tout psychologique. Il s’agit de maîtriser sa peur du vide et de surmonter l’angoisse d’un faux pas qui pourrait tout faire basculer. Chaque pas sur la ligne devient ainsi une chorégraphie millimétrée, transformant la traversée en une valse suspendue entre ciel et terre, pendant que l’on retient son souffle.
« Chaque pas est un moment d’émerveillement mêlé à la détermination de faire ce que personne n’a jamais osé accomplir, à mi-chemin entre prouesse technique et poésie ».
« Ce sport est avant tout un sport collectif. Nous travaillons main dans la main avec les membres de l’association, chacun apportant ses compétences en alpinisme et son expérience pour rendre chaque aventure possible. C’est l’incarnation de l’esprit d’équipe et du dépassement de soi », explique Antoine Mesnage avant de poursuivre, « c’est surtout un prétexte pour passer du temps là-haut avec des gens qui partagent la même passion et les mêmes émotions. Notre moteur, c’est de repousser les frontières du possible, d’explorer l’inconnu et d’accomplir quelque chose pour la première fois. C’est d’être des pionniers ». « Si je suis le plus médiatisé de la bande, étant donné que je pratique un métier d’image, il ne faut pas oublier tous les autres », un point qu’il tient à rappeler.
© Antoine Mesnage / Highline au-dessus du lac d'Annecy
Le 4 décembre prochain, il installera une ligne à plus de 8 mètres de haut entre les bâtiments des Nouvelles Galeries d’Annecy pour l’inauguration des festivités de Noël. Un terrain de jeu qu’il connaît bien pour y avoir officié à plusieurs reprises et notamment en juillet dernier. Une démonstration qui avait été suivie par la diffusion de son film Arves-en-ciel, le projet fou de marcher sur une highline de 480 mètres entre les mythiques aiguilles d’Arves.
Parmi les images qu’il rapporte de ses expéditions célestes, Le tour du lac d’Annecy par les highlines, un film réalisé avec Julien Cardon et Antoine Cretinon : trail, VTT, escalade, sans oublier les plus belles highlines du spot…une journée entière de prises de vue uniques sur le lac d’Annecy.
Des Équilibres, sorti en 2024, avec pour protagonistes la bande des Passagers du Vide qui évolue des sommets des Alpes aux dunes du désert marocain, où ils posent des highlines dans des lieux plus impressionnants les uns que les autres, et sur des longueurs pouvant atteindre le kilomètre.
© Antoine Mesnage / Highline au Taillefer
Il est également au générique du film du youtubeur Inoxtag, qui a défrayé la chronique cet automne.
« Je ne connaissais pas le milieu. Dans l’aventure qui aura duré un an, j’étais accompagné par des gens de la montagne… Tous m’ont appris que la montagne est aussi un endroit spirituel, à respecter où il faut savoir se mettre en sécurité. Il y a eu aussi Antoine Mesnage qui fait de la slackline ».
Extrait de l’interview d’Inoxtag pour le site Mon Séjour En Montagne
Montagne, alpinisme, beauté des paysages, esprit d’équipe, dépassement de soi, pionnier… rassemblez tous ces mots-clés, et vous obtenez le portrait-robot d’Antoine Mesnage, équilibriste toujours prêt à repousser les limites du possible pour rendre hommage à la beauté de la montagne.
© Les Passagers du Vide / Hommage à la beauté de la montagne
*Les Passagers du Vide est une association et un collectif de highline qui réalise de nombreux projets dont des spectacles et des démonstrations dans le cadre d’évènements sportifs, culturels…
Crédit photo haut de page :
- © Antoine Mesnage
Journaliste : Aude Pollet Thiollier