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Je suis pure

J’accueille régulièrement des visiteurs qui me parlent de leur émerveillement devant la beauté du lac et plus particulièrement de voir l’eau si claire. J’en profite pour leur annoncer que le lac d’Annecy fait partie de l’un des plus purs d’Europe et que les locaux boivent l’eau du lac ; j’aime savourer leur surprise. Et oui, au restaurant, réclamer un pichet d’eau du lac, c’est conseillé !

Cette eau est prélevée à 40 m de profondeur, à 100 m du rivage à la sortie d’Annecy, côté Ouest. Elle arrive à l’usine de pompage de la Puya et bénéficie d’une première filtration grâce à un système de tamis qui retire les particules organiques et minérales. Ensuite, elle est refoulée 300m plus haut grâce à une canalisation vers la station de traitement « les Espagnoux » où elle bénéficie d’une ultra-filtration (ce qui correspond à une technologie très avancée). Avant d’être acheminée vers les communes riveraines et celles du Grand Annecy, elle subit un très léger traitement chloré, largement inférieur à celui qui se pratique généralement sur le territoire national. 

Vue du lac depuis le Pâquier en hiver

© Gilles Nulli

Lorsque je réfléchis à l’âge du lac et de sa formation, j’éprouve un profond respect. Il est né il y a environ 14 500 ans avec la fonte des glaciers.

Il s’étendait sur une longueur d’une trentaine de kilomètres, de Faverges au Sud, à La Balme de Sillingy au Nord. Actuellement, sa longueur s’est considérablement réduite, elle est de 15 km, son périmètre de 32 km si l’on suit son rivage à pied. Il est alimenté à 90 % par des affluents de régime torrentiel et 10 % par les précipitations. Sa masse d’eau est tellement considérable qu’il faudrait 4 ans pour le vider si l’on coupait son alimentation issue des affluents et des précipitations.

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© A. Gérard

L’eau du lac ne stagne pas car elle est évacuée par le Thiou qui fait partie des plus petites rivières de France (3,6 km). Un système de vannes installé tout le long de ce canal permet d’en réguler le niveau. Le lac d’Annecy est aujourd’hui en bonne santé et son équilibre biologique est stable.

Néanmoins, précedemment son état était préoccupant en raison des eaux usées qui étaient déversées directement dans le lac. A l’origine, l’alerte fut lancée en 1943 par le Docteur Servettaz, médecin annécien. Toutes les communes riveraines ont ensuite décidé en 1957 de se regrouper dans un Syndicat Intercommunal, le SCRLA, devenu aujourd’hui le SILA, qui a mis des mesures d’assainissement en place afin de capter les eaux usées.

Entre 1962 et 1977, un système de collecteurs voit le jour autour du lac. Les eaux usées sont acheminées en contrebas d’Annecy à Cran-Gevrier vers une station d’assainissement ; elles subissent plusieurs phases de dépollution et leurs effluents sont reversés sans souci pour la nature dans le Fier, rivière située à proximité.

La Vieille Ville d'Annecy

© Gilles Piel

Le captage des eaux usées a été déterminant pour la santé du lac. Parmi les autres mesures entreprises qui permettent aujourd’hui de profiter d’un lac sain, je citerais la protection des roselières car les roseaux ont le pouvoir de filtrer l’eau et participent ainsi à l’amélioration de sa qualité.

De plus, les roselières ont une forte utilité écologique puisqu’elles aident au bien-être de la faune (poissons, amphibiens, insectes, oiseaux…) en les protégeant des prédateurs et en servant de lieu de nidification. Elles contribuent également à éviter l’érosion des berges et à la beauté du lac.

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© Gilles Piel

La protection des roselières s’articule autour de 3 axes :

La restauration avec la plantation de nouveaux roseaux et la mise en place de palissades pour les protéger de la houle et des objets flottants tels que les bois morts.

La réglementation qui établit un périmètre de protection : si je me baigne ou navigue, 50m de distance maximum sont largement suffisants pour les admirer.

L’accentuation du marnage pour favoriser leur développement. Lorsque je constate que le niveau du lac baisse, je positive en me disant que les roseaux en profitent !

Pour ma part, plus j’en apprends sur le lac, plus j’ai envie de le respecter. J’essaie chaque jour de faire partager mon enthousiasme auprès des visiteurs que nous accueillons à l’Office de Tourisme. Si chacun considère le lac au-delà d’un terrain de jeux, le pari est gagné.

 


Dominique, Conseillère en séjour, Service Visites Guidées
Office de Tourisme du Lac d’Annecy

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© Alain Dujardin – photoslahaut.com